Les
sociétés andines du deuxième millénaire
av. J-C au premier millénaire après J-C.
Leçon
assurée en classe de 6ème
I )
Une histoire complexe : l’alternance de périodes d’unité et de division.
Du IIème millénaire
av. J-C au premier millénaire après J-C, les Andes ont connu des périodes
d’unité quand une civilisation dominait un ample espace géographique.
Ex : Chavin,
civilisation matrice des Andes ( 1200-500 av. J-C ) ou
Huari ( 700-1000 apr. J-C ). Les deux s’étendaient
sur le Pérou actuel.
Cependant, on trouve aussi des périodes
d’éclatement avec des cultures brillantes, mais sur des espaces beaucoup plus
réduits.
Les exemples sont nombreux : Paracas ( 700-400 av. J-C ), Mochica ( 100 av. J-C-600 apr. J-C ), Nasca ( 400 av. JC-600 apr. J-C ) et Tiahuanacu
( 300-1100 apr. J-C ). Les trois premières au Pérou, la dernière en Bolivie.
Voir document : les civilisation
andines. Dans Claude Baudez, Danièle Lavallée, Civilisations amérindiennes, Documentation
photographique, no. 7022, Avril 1994, fiche 1.
II
) Des sociétés avec de fortes inégalités
dominées par des guerriers et des prêtres :
A partir du IIème
millénaire avant J-C, les sociétés andines s’organisent à partir du même
modèle : ce sont des sociétés très hiérarchisées, avec de fortes
inégalités.
Les prêtres et les guerriers dominent une
société composée de paysans et d’artisans. les
premières villes apparaissent, avec temples et édifices publics. Ce sont déjà
des Etats bien organisés, dominant les techniques d’irrigation nécessaires au
développement de la production agricole.
Voir document : les
premiers temples du Pérou. (voir leçon « Le
néolithique dans les Andes »)
III
) L’organisation de la vie économique :
A ) L’agriculture :
Les sociétés andines ont une économie fondée
sur l’agriculture : des instruments simples sont utilisés comme par
exemple dans une partie des Andes, la Chakitajlla, pour creuser et retourner la terre.
Voir document : paysans
andins travaillant avec la Chakitajlla. Dans John V. Murra, Rolena Adorno, Jorge L. Urioste, Felipe Guaman Poma de Ayala, Nueva crónica y buen Gobierno, Historia 16,
Madrid, 1987, tomo C, p. 1223 ; 1229 ; 1231
Cependant, les techniques agricoles sont
très élaborées : un exemple est la culture en terrasse [
Takanas
] qui permet d’utiliser la pente en même temps que de limiter l’érosion.
Une autre technique complexe est celle des Camellones pour
l’irrigation, disparue puis réintroduite plus tard grâce à des archéologues.
Voir documents : Les
cultures en terrasses et les Camellones. Dans Pierre Morlon (compilador y coordinador), Comprender la agricultura campesina en los Andes centrales. Perú-Bolivia,
IFEA-CBC, Lima, 1996, p. 225-247
De même, les différents niveaux d’altitude
sont utilisés : on peut parler de contrôle des étages écologiques. Le
peuplement des communautés s’organise « en archipel » [ poblamiento en archipiélago
], entre 1000 et 4000 mètres d’altitude, le centre se situant vers 3000 mètres.
Voir document : les étages écologiques. Pierre Morlon
(op cit), p. 124
Ceci permet une alimentation variée, même si
l’aliment de base reste le maïs, bouilli, tostado ou sous forme de chicha.
B ) L’élevage des animaux et le commerce :
A Tiahuanacu, on
trouvait des troupeaux de 15.000 alpagas, ainsi que des lamas. Les Alpagas
fournissaient la laine, alors que les lamas servaient essentiellement aux
transports. Evidemment, les deux pouvaient fournir de la viande et du cuir.
Il faut aussi retenir l’organisation de
caravanes de lamas, permettant l’échange de grandes variétés de produits sur
d’immenses distances ( produits de la mer, produits de
l’Altiplano, produits à base de maïs de la région de Cochabamba ) : ces
caravanes existent encore aujourd’hui. Les échanges se font sous forme de troc.
Voir document : Les caravanes de lama. John V. Murra
(op cit), tomo C, p. 1225
C ) Une activité artisanale brillante :
Les sociétés andines développent les activités
artisanales en particulier dans le domaine du textile, de l’orfèvrerie et de la
céramique. La civilisation Mochicas ( 100 avant
J-C-600 après J-C ) est remarquable pour ce qui est de la céramique.
En ce qui concerne l’orfèvrerie, on retiendra
encore la civilisation Mochicas, et également celle de Nasca.
A noter que les sociétés andines de l’époque
travaillent différents métaux, en particulier l’or, mais pas le fer.
Voir document : La poterie
et l’orfèvrerie des Mochicas et des Nascas. Dans Claude
Baudez, Danièle Lavallée (op cit), fiche 11. – Danièle Lavallée, Luis Guillermo Lumbrera,
Les Andes de la préhistoire aux Incas, NRF, L’Univers des formes, 1985, p. 153-169 ; p. 175
IV
) Religion et croyances :
A ) Une religion liée à l’agriculture et à la fécondité :
Les sociétés andines de l’époque sont avant
tout agricoles : ceci est perceptible dans la religion. On a l’exemple des
mazorcas de
maïs en pierre, en argent ou en or, appelées saramama [ mère
maïs ] et servant d’offrandes, etc.
De même, on peut voir l’adoration des huacas, objets,
lieux, personnages ( arbres, rivières, montagnes,
momies ), auxquelles on prête des pouvoirs surnaturels et qui protègent la
communauté ( ayllu ).
B ) L’importance du culte rendu aux morts et aux ancêtres :
La pratique de la momification atteste d’une
croyance en l’au-delà : pour les sociétés andines, les ancêtres ont des
pouvoirs surnaturels et peuvent protéger la communauté. On sacrifie donc des
animaux, on fait des offrandes alimentaires et exceptionnellement des
sacrifices humains.
C ) Des dieux d’apparence terribles :
Culture Chavin ( 1200-500 avant J-C ) : on peut observer le dieu félin
et le dieu aux bâtons ( en fait des éclairs ). Ces divinités Chavin apparaissent dans tout le monde andin, comme par
exemple dans la civilisation Tiahuanacu. Le dieu aux
bâtons est ainsi probablement le dieu créateur et dominant, Viracocha,
antérieur au dieu solaire.
A partir de 700 après J-C, avec la culture Huari, le dieu solaire apparaît et se diffuse, remplaçant Viracocha. Pour les Incas, on parle du dieu Inti.
Voir document : Les dieux.
Dans Danièle Lavallée, Promesse d’Amérique, La
préhistoire de l’Amérique du Sud, Hachette, 1995, p. 227 ; 229 – Alan Kolata, The Tiwanaku,
Portrait of an andean civilization,
Blackwell, Cambridge-Oxford, 1993, p. 17 ; 120
D ) Des sociétés guerrières et violentes :
Les rituels de mutilations des ennemis
vaincus sont fréquents. On peut en observer sur le document se référant aux
représentations trouvées sur le Cerro Sechin ( environ 1200 avant
J-C ). On rencontre ces pratiques partout dans le monde andin. Ainsi, sur des
représentations tiahuanacotas, le Chacha
Puma ( l’homme-puma ) tient une tête entre ses pattes.
Voir document : le Cerro Sechin et le culte des
têtes à Tiahuanacu. Danièle Lavallée
(op cit), p. 235 – Alan Kolata (op cit),
p. 129.G
V ) La
communication dans les Andes :
Les sociétés andines développent une culture
extrêmement brillante sans pour autant développer une forme d’écriture de type
occidentale. La communication se fait à travers des symboles sur des textiles,
des céramiques ( keros ), ou encore avec les quipus.
Voir documents :
Communiquer dans les Andes. Les Keros, les symboles des textiles aymaras et les
Quipus. Teresa Gisbert, Silvia
Arze, Marta Cajías, Arte textil
y mundo andino, Gisbert y cia, La Paz, 1987, p. 113 ; 165 - Claude Baudez,
Danièle Lavallée (op cit), fiche 15.
Bibliographie :
Baudez Claude, Lavallée Danielle, Civilisations amérindiennes,
Documentation française, n°7022, avril 1994.
Gisbert Teresa, Arze Silvia,
Cajías Marta, Arte textil y mundo andino, Gisbert y cia., La Paz, 1987.
Kolata Alan, the Tiwanaku,
portrait of an andean civilization,
Blackwell, Cambridge-Oxford, 1993.
Lavallée Danielle, Les Andes de la
préhistoire aux Incas, L’univers des formes, Gallimard, 1985.
Lavallée Danielle, Promesse d’Amérique,
la préhistoire de l’Amérique du Sud, Hachette, 1995.
Morlon Pierre (compilador y coordinador),
Comprender la agricultura
campesina en los Andes
centrales, Perú-Bolivia, IFEA-CBC, Lima, 1996
Murra John V., Rolena Adorno, Urioste
L. Jorge, Felipe Guaman Poma
de Ayala, Nueva crónica y buen gobierno, Historia 16, Madrid, 1987, 3 tomos.
Wachtel, Nathan, Le retour des ancêtres,
les Indiens Urus de Bolivie, XXème-XVIème siècles,
essai d’histoire régressive, Gallimard, 1990.
Cours : M. Frédéric
Richard, Collège Franco-Bolivien, La Paz, février
2004.